top of page

Débat d'idées : l'Homme, une espèce animale ?

  • Thibault Gaillard et Etienne Compain
  • Nov 7, 2015
  • 3 min read


"Espèce humaine" Le mot même est si réducteur... Nul besoin de se replonger dans ses vieux cahiers de SVT des petites classes pour que s'impose à l'esprit l'image de ce catalogue d'animaux, rangés dans une myriade de boîtes aux contours impeccables...

Quoi, ce simple terme d'"espèce" pour désigner celui qui a su dompter la nature pour faire sortir de terre les œuvres les plus démesurées?


Quoi, cette expression si cassante pour nommer celui qui, des siècles durant, a vu naître en son sein les esprits les plus brillants, les cœurs les plus généreux ? Quoi, cette étiquette ridiculement étroite à coller sur un peuple, sur une foule d'individus dont pas un n'a son semblable? Nous pouvons parler d'une "espèce animale", mais, de grâce, ne rangeons pas l'Homme dans une de ces boîtes étroites sur lesquelles est écrit le mot "espèce". L'Humanité n'est pas une espèce animale...


Quittons un instant nos observations scientifiques et leurs injustes critères physiques pour nous mettre à la hauteur de cette action qui fait toute la spécificité de l’Homme : le penser. Ne sommes-nous pas les seuls, parmi les êtres qui peuplent le monde du Vivant, capables de nous élever au-dessus de tout instinct naturel, de toute préoccupation matérielle par le biais de notre intellect ? Penser la vie, penser la mort ; un animal en est-il seulement capable ?


Et quid du sentiment le plus beau, le plus admirable qu’on ne peut trouver que chez l’Homme ; l’Amour ? Entendons bien par-là l’amour avec un grand « A », qui dépasse la simple affection qu’un chien peut avoir pour son maître, ou qu’une louve peut avoir pour ses petits… Un Amour qui unit l’Homme à son frère, un Amour qui unit l’épouse à l’époux, un Amour capable de dépasser les frontières les plus hermétiques, et même celle de la mort ! Que devient l’affection du chien, de la louve, quand l’être qui en fait l’objet meurt ?


Monsieur Darwin, je veux bien considérer que l’Homme descend du singe, et qu’il est le fruit de cette longue évolution que vous qualifiez de « naturelle ». Mais que ma symétrie axiale, mes deux mains, mon squelette osseux et mes poils ne fassent de moi rien de plus qu’un animal parmi les autres, cela je ne peux le croire ! Ne regardons pas l’Homme sous la seule et austère lunette de critères matériels et discriminants. Si les espèces animales ont leurs races, l'Humanité, elle, n'en connaît pas.


Etienne Compain

***

Je tiens tout d’abord à rassurer ceux qui s’attendent à une thèse végétaliste : mon poids serait de toute façon trop faible face à leur MacDo du déjeuner.


Pourquoi serions-nous différents des animaux ? « Parce que ça se voit ! » clameront, fiers d’eux, nombre d’entre nous. Nous pensons être supérieurs. Tellement que nous nous nous sommes classés à part du règne animal. Tellement que nous irions même jusqu’à renier cet aspect de l’humanité.


« Aime ton prochain comme toi-même. »


Sortez votre Bible ! Malgré sa présence évidente – et logique dans notre lycée jésuite – cette formule n’a jamais cessé de nous être étrange, parfois niaise. Précisément parce qu’il semble qu’il n’y ait rien de plus opposé à la nature humaine que les valeurs qu’elle véhicule. Avouons-le nous : nous pouvons bien nous cacher derrière nos belles valeurs – compassion, générosité, amour –, la plus forte impulsion de notre vie reste ce vouloir-vivre égoïste. Nous sommes tout aussi insatiables de nos plaisirs que le reste de l’existence animale ; peut-être même plus. Seulement, nous nous sommes fait un devoir de tourner le dos à cet instinct purement égocentrique, à cette agressivité naturelle de l’homme, telle que l’œuvre civilisatrice s’est obligée à la réprimer par de telles vertus.

Nous nous targuons de notre morale et de nos valeurs – le magis ! –, et plus encore nous nous enorgueillissons d’avoir une âme – que nous refusons au reste de l’existence animale. Alors que nous sommes incapables d’être certains de la présence, en nous, de ce que nous appelons âme, nous nous autorisons la certitude de son absence chez le non-humain. La vérité, qu’essaie de masquer cette assertion, c’est que nous n’en n’avons pas la moindre idée.


Après avoir dit ça, le classement de l’Homme comme une espèce animale me paraît si évident que je ne peux me défaire de l’impression d’avoir en toute inutilité dépensé et votre temps et les fonds de l’ADEF.


Thibaut Gaillard


 
 
 

Comentarios


© Terminator. Créé par l'ADEF 2015-2016.

Also Featured In

bottom of page