Sarkozy rencontre Poutine : explications
- Jean Le Pas de Sécheval
- Nov 2, 2015
- 3 min read
A la veille d’une conférence internationale sur la crise syrienne, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy s’est rendu à Moscou afin d’y rencontrer Vladimir Poutine, malgré les tensions diplomatiques régnant entre la France et la Russie.

Afin de bien comprendre l’ambiguïté de cette rencontre, il est important pour cela de comprendre la crise syrienne et de connaitre les raisons des relations tendues entre la France et la Russie. Alors que le conflit en Syrie a déjà fait plus de 250 000 morts et près de 4 Millions de réfugiés, la guerre qui s’y déroule semble loin d’être terminé. Au pouvoir de ce pays en ruine, Bachar-Al-Assad, soutenue par la Russie, cherche avec ses troupes qui lui sont loyal à reprendre le contrôle du pays face à l’armée rebelle, et à l’Etat Islamique dont la politique d’expansion l’a amené à combattre sur le sol syrien, base idéal pour l’arrivée de djihadiste européen. La France depuis septembre 2015 a commencé des frappes en Syrie.
Cependant, la situation reste très complexe. En effet, la France n’est pas le seul pays à intervenir en Syrie, Les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, la Turquie, et aussi la Russie ont également décidés d’effectuer des frappes aériennes. Mais cette présence multiple d’aviations militaires de différents pays pose problèmes car elles ne sont pas réunies au sein d’une même coalition internationale. Parce que chacune voit de manière différente les factions au sol comme des alliés ou des ennemis, et à cause des divergences sur le sort de la Syrie, ce n’est pas une, mais plusieurs coalitions internationales qui organisent des frappes aériennes. La France, alignés avec la position des Etats-Unis, entend bien empêcher l’expansion de Daech sur le sol syrien, sans pour autant soutenir le pouvoir de Bachar-Al-Assad. La Russie s’oppose ainsi totalement aux occidentaux, en soutenant le régime de Damas, son dernier allié dans la région.
La conférence internationale qui a lieu à Vienne le 30 Octobre 2015, réunissant les chefs des diplomaties américaine, russe, iranienne, européenne et française, saoudienne et turque, a pour but de résoudre la crise syrienne qui dure depuis 2011. Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius sera donc présent à la table des négociations en tant que représentant de la France. Le ministre a alors présenté que les pays présents à la conférence internationale s’étaient "concertés sur les modalités d'une transition politique garantissant le départ de Bachar-el-Assad dans un calendrier précis, sur la nécessité de poursuivre nos efforts de lutte contre l'EI en Syrie tout en soutenant l'opposition syrienne modérée, dont le rôle dans les futures négociations a été souligné." La rencontre de Nicolas Sarkozy, chef du parti les Républicains et donc membre de l’opposition, avec Vladimir Poutine a alors suscité des réactions de la majorité. Il a ainsi été accusé de mené une diplomatie parallèle à celle tenue par le gouvernement français.
Bien qu’il s’en soit défendu au cours d’un entretien sur BFMTV, et que dans sa position d’ancien président de la République, il puisse rencontrer librement un chef d’état étranger, cette entrevue n’a pas laissé indifférent l’univers politique français. Cela d’autant plus que Nicolas Sarkozy semble être en faveur d’une levée progressive des sanctions de la France contre la Russie appliquées suite à la crise ukrainienne, à l’inverse de François Hollande. Cette visite pour le moins controversé montre les difficultés de la politique étrangère française avec la Russie après les crises ukrainienne, du mistral et syrienne. Les divergences au sein de l’opinion française entrave également une politique étrangère claire sur ces sujets, comme le montre la visite de parlementaire français à Bachar-Al-Assad, alors que la France a coupé avec lui toutes ses relations diplomatiques.
Bien que la France veuille continuer s’exprimer sur les grands sujets internationaux, son incapacité à affirmer une politique étrangère claire et autonome, et les divergences qui s’exercent au sein de son univers politique sont des facteurs qui semblent la paralyser, à l’image de sa diplomatie pendant l’entre-deux guerres.
Jean le Pas de Sécheval
Comments